Courant d'Art

Des portraits atypiques où des personnalités parlent de leurs goûts artistiques hors des sentiers battus ! A la fin de chaque itw, il ou elle nous propose une œuvre d'art et un texte en résonnance.

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Par Florence Fantini
21 mai · 8 mn à lire
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ANNE, MA SOEUR ARTS…

Où l’on découvre qu’Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction à L’Express et chroniqueuse sur France Inter, rêve de passer une soirée avec Victor Hugo, dans un cloître sévillan ou florentin, sirotant una « cerveza » bien fraîche, bercée par la musique de Bach. Olé !

Depuis Lio, tout le monde sait que les brunes ne comptent pas pour des prunes (oui, je cite Lio, référence majeure de la culture populaire du siècle dernier et de feu mon adolescence). Et puis, Anne Rosencher, j'suis pas daltonienne, c'est quand même bien une brune, et sous ses airs de douce madone italienne, elle a du caractère, et dans ses artères c'est du sang chaud qui coule. Voilà, maintenant que vous avez bien l’air de la chanson dans la tête (ne me remerciez pas, ce fut un plaisir), imaginez la rencontre de deux brunes, dans une brasserie du 15e, autour d’une Badoit et d’une bière sans alcool : pétillante ! À l’image de mon invitée.

Portrait by ©Quibe @quibe sur InstagramPortrait by ©Quibe @quibe sur Instagram

Je vous épargne la chanson de Kendji Girac, mais sachez, chers lecteurs et lectrices, que l’une des analystes les plus fines de la société française se rêve, depuis sa plus tendre enfance en « belle andalouse ». Pourquoi ? Mystère et boule de gomina ! Cette gomina lustrant les cheveux des danseurs de flamenco qu’elle pratique depuis des années. L’Espagne, elle est tombée dedans toute petite, dans son charmant village de Belmont d’Uriage, en Isère, où elle passa ses dix premières années avant de « monter » à Paris. Elle a beau chercher, elle ne comprend pas pourquoi cette passion sévillane coule dans ses veines. Peu importe la raison après tout, pourvu qu’il y ait la passion ! Et la passion, elle n’en manque pas quand elle évoque son enfance dans les prairies, à se rêver bohême : « C’est à cette époque qu'a germé en moi cette attirance pour l'Andalousie et la culture gitane.  Je voulais ressembler à la señorita dans Zorro, c'était mon modèle de femme, ce n’était pas du tout Cendrillon ou Blanche-Neige ! Je me souviens de jeux avec mes copines dans les champs où j'étais la señorita. J'étais aussi totalement fan de Carmen, sans rien comprendre à l'histoire, et peut-être heureusement ! »

Anne enfant, c’est un joli mélange de Zora la rousse et de Laura Ingalls, s’échappant de sa petite maison pour jouer à Esmeralda. Le flamenco ? Elle pourrait en parler pendant des heures ! Notre señorita revient justement d’un stage d’une semaine à Séville et elle a les yeux qui brillent en évoquant cette danse de caractère où des « femmes flammes transforment leur corps en instrument de musique. » Ah… Si Django Reinhardt pouvait pousser les portes de la brasserie, je parierais que notre aficionada danserait sur le zinc du comptoir ! Toujours se méfier du feu qui dort sous la braise « quand la musique est bonne » (teasing : on parlera bientôt de JJ. Goldman !)

Les femmes, parlons-en, et ne boudons pas notre plaisir, car Anne Rosencher sait mieux que personne en saisir les forces et les fragilités. Ses chroniques et ses éditos leur rendent souvent hommage, en termes toujours choisis, avec tendresse et engagement. Elles les aiment à son image, élégantes, courageuses et résistantes : « Je suis très coquette ! Être femme ce n’est pas forcément être femme pour les hommes, c’est aussi une façon de se concentrer sur soi, comme pour invoquer des forces intérieures. Même quand j'étais en congé maternité et que je ne voyais personne, j'avais besoin de ce moment où je me maquillais. » Elle fait silence et repense à sa grand-mère : «  le jour où mon grand père – son mari depuis la fin de la guerre – est mort, j’ai dû lui annoncer la nouvelle avec ma tante. Après des heures de pleurs et de catatonie, je l’ai vue se ressaisir en demandant une brosse et des épingles pour refaire son chignon. » Il y avait quelque chose de la force, de la volonté, et de la transmission dans ce geste. « L'idée que la virilité puisse être à chaque fois vue comme une force et la féminité comme une faiblesse me semble fausse. » Voilà, c’est dit ! Elle est intarissable sur la beauté de Claudia Cardinale dans Cartouche, les charmes d’Ava Gardner ou de Monica Bellucci (un petit rappel du refrain « les brunes ne comptent pas pour des prunes » ou ça ira ? !)

 L'idée que la virilité puisse être à chaque fois vue comme une force et la féminité comme une faiblesse me semble fausse. 

Mais attention ! Beauté et Coquetterie sont toujours complices de Caractère et de Résistance. Joli quatuor d’amies pour de belles âmes, tout feu, toutes femmes. Artistiquement, trois grandes figures féminines l’ont marquée : Boule de suif, dans la nouvelle de Maupassant, Rose de Saron dans Les Raisins de la colère de Steinbeck et surtout l’Antigone de Sophocle. Triptyque tragique que ce trio mythique. Une prostituée, une mère, une sœur.

Une prostituée au grand cœur, Boule de suif, « figure de la femme bonne, valeureuse, courageuse, généreuse qui se sacrifie pour le bien du groupe mais le paye finalement par le rejet dont elle fera l'objet » et qu’elle aimerait voir incarnée sur grand écran par Émilie Dequenne.

Une mère, Rose de Saron, qui donne le sein à un vieillard mourant de faim, alors qu’elle vient d’accoucher d’un enfant mort-né : « ce passage m’a bouleversée et j’ai découvert que c’était aussi une manière de figurer la charité dans l’antiquité romaine et dans certains tableaux. » Ce rapport à la maternité, elle aime aussi le retrouver dans la contemplation des Vierges à l'Enfant et des icônes russes. Alma Anna…

[Tiens ! Un bébé pleure à côté de nous, c’est l’heure du biberon, on augmente le son du magnéto !  Olé ! Olé !]

Sandro Botticelli, La Vierge et l'Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste, 1470-1475, musée du LouvreSandro Botticelli, La Vierge et l'Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste, 1470-1475, musée du Louvre

Une prostituée, une mère et une sœur, Antigone. Malraux l’a tellement bien dit : « Rien n’est plus important dans l’histoire du monde que de faire partie des gens qui ont été́ capables de dire « non ». Le plus grand personnage de l’histoire du monde, c’est Antigone », incarnant l’intemporelle dilemme entre la raison d’État et celle du cœur. « Moi, artistiquement, je choisis la raison du cœur, politiquement… » Fougueuse et réfléchie, spontanée et mesurée, telle est notre raisonnable Andalouse ! « Les artistes aussi peuvent dire non ! -tient-elle à préciser- le souffle de l'art peut dépasser son intention. Comme le chante si bien Bernard Lavilliers : « La musique a parfois des accords majeurs, qui font rire les enfants mais pas les dictateurs. » Pensons au rappeur iranien Toomaj Salehi, condamné à la peine capitale pour « corruption sur Terre ».

Rien n’est plus important dans l’histoire du monde que de faire partie des gens qui ont été́ capables de dire « non ». Le plus grand personnage de l’histoire du monde, c’est Antigone. André Malraux

Son grand-père, Henri Rosencher, eut, lui aussi, le courage de dire « non ». Peut-être tient-elle de lui son amour farouche de la Nation, lui qui, déporté à Dachau en tant que résistant, écrivit sur des petits morceaux de papier volés, des citations et des équations, mais surtout des projets pour la France : « On les a retrouvés à sa mort. Il avait foi en la victoire et ensuite, foi dans la reconstruction de la France et dans l'aboutissement du projet universaliste, auquel finalement il n'a jamais cessé de croire malgré l’anéantissement de toute sa famille à Auschwitz. Revenu de Dachau, il s’installa comme médecin » et œuvra à « réparer le monde », « tikkoun olam », comme on dit en hébreu, pour les générations futures.

Quand je lis du Maupassant et qu’au détour d'un paragraphe, il y a une description de ferme, j'ai comme un flash, une réminiscence. Mon enfance ressemble à des scènes du film Le Grand chemin.

On ressent son émotion à la pensée de ce grand-père qui « changeait la vie » …Pour les enfants à naître et pour la petite Anne qui se souvient de ses années passées en province (je tente un « on dit dans les territoires, non ? », malheureuse que je suis !) Non, elle dit province et dieu sait si elle l’a aimée ! « Je suis née à Paris mais, à mes deux mois, j'étais déjà à Belmont d’Uriage et j’y suis restée jusqu'à l'âge de mes 10 ans. C'est près de Grenoble, dans les montagnes. Je suis vraiment une fille de là-bas. » Elle se souvient des projections de films dans l’église, qui tenait lieu de salle communale (ah ! Les Dieux sont tombés sur la tête !), de sa nounou, des courses dans les prairies, des poules, de l’air…  « La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie. » Elle adore cette phrase de Camus dans Le Mythe de Sisyphe : « Mon enfance à la campagne m’a structurée, m’a nourrie autant que ce qu'ont pu m'apprendre mes parents et l’école.  Tout remonte souvent à la surface. Quand je lis du Maupassant et qu’au détour d'un paragraphe, il y a une description de ferme, j'ai comme un flash, une réminiscence. Mon enfance ressemble à des scènes du film Le Grand chemin. »

Joaquín Sorolla, Environs de Jaca, Musée Sorolla, MadridJoaquín Sorolla, Environs de Jaca, Musée Sorolla, Madrid

Provinciale et Parisienne, campagnarde et urbaine, Anne Rosencher est sûrement l’une des plus légitimes à utiliser à bon escient l’expression galvaudée de « faire Nation. » Elle y croit car elle y a crû (subtile jeu de mots pour me faire pardonner - un chouïa- le refrain de Lio). Retrouvant son sérieux non précieux, après un grand éclat de rire dont elle est coutumière, elle regrette la scission culturelle entre les élites et les classes populaires, entre Paris et les territ-(pardon) la province. Elle aimerait tant que s’apaisent ces fractures, mais « Long is the road » … « On se connaît mal et cela implique de mauvaises représentations culturelles. Les classes populaires aujourd’hui, au cinéma ou dans la littérature, sont dépeintes soit comme des beaufs vaguement dangereux et bêtes, soit vivant dans un univers misérabiliste. L’important c'est de bien représenter tout le monde. »

Ce regard juste et non en surplomb, elle le retrouve dans les nouvelles de Maupassant, dans les films de Marcel Carné ou bien dans La Bête humaine de Jean Renoir : « Quand on voit Gabin, il renvoie l’image d’un personnage du peuple, fier, digne, et beau, malgré ses parts d’ombre. Ce n’est pas un film social, c'est une histoire d'amour terrible, d'un personnage qui se trouve être un cheminot. » Aujourd’hui, Il manque des films où le héros n’incarne qu’un personnage sans revendication sociale. « Dans la culture populaire, je suis assez marquée du succès de HPI sur TF1, la série avec Audrey Fleurot incarnant une mère célibataire, femme de ménage. En littérature, je pense que Nicolas Mathieu sait peindre des univers populaires sans arrière-plan politique. Notamment dans Connemara et Leurs enfants après eux. La vie peut être grande partout, il n'y a pas des petites vies de rien. Il y a des héros du quotidien, il y a des histoires d'amour, il y a des meurtres, il y a des personnages, voilà. Il y a des personnages partout. On va lancer un appel aux scénaristes ! » (Teasing : il y aura d’autres appels d’une citoyenne en détresse ! #Oyez 1 !) 

©Sandrine Joly©Sandrine Joly

Avec ces mauvaises représentations culturelles, mais également cette fracturation des imaginaires due à la multitude des offres culturelles, il s’avère difficile de « construire ensemble ». Ce n’est pas pour rien que Jean-Jacques Goldman est en tête du classement des personnalités préférées depuis 2017. Il est fédérateur et représentatif d’une époque où la culture populaire nous façonnait un univers mental en commun : « Pour moi aussi c'est une Madeleine de Proust, c'est une part de mon chez moi. Sa musique, ses mélodies, ses mots ont bercé mon enfance. Ce n’est pas l'artiste que j'admire le plus au monde en tant qu'artiste mais c’est celui auquel je m'identifie le plus. » Et nous sommes nombreux, Anne, je pense, à penser « comme toi » …

Goldman, pour moi c'est une Madeleine de Proust, c'est une part de mon chez moi. Sa musique, ses mélodies, ses mots ont bercé mon enfance.

Tant qu’on parle de Goldman, j’en profite pour relayer l’appel d’une citoyenne en détresse ! #Oyez 2 : notre éditorialiste manouche dans l’âme écrit des chansons. Avis aux artistes de variété qui voudraient mettre en musique ces « 4 mots sur un piano » … Infos aux futurs candidats : elle aime bien écouter de la musique contemporaine, des chansons de Benjamin Biolay, de Juliette Armanet, de Jeanne Cherhal, mais n’a pas encore trouvé d’artistes comme ceux qui ont rythmé son enfance, Souchon, Berger, Véronique Sanson et craque pour les comédies musicales : « La La Land, c'est extraordinaire. Ça m'a brisé le cœur aussi. C'est vrai que c'est la vie, mais on aimerait bien qu'ils ne soient pas tristes quand même à la fin ! » [Tiens ! Le serveur apporte enfin les boissons et renverse la bière sur ma pauvre invitée ! Olé ! Olé !]

Que d’eau, que d’eau, revenons aux mots, ceux de la littérature, art qu’Anne Rosencher chérit le plus entre tous et évoquons ses « livres bibles » qui détiennent pour elle nombre de vérités universelles. Entre deux gorgées de bière et au milieu des pleurs du bébé re- affamé (sic), elle réfléchit et répond avec déchirement à la question : « quels sont les deux ouvrages que vous déposeriez en cadeau, au passant inconnu, dans une boîte à livres ? » « Alors…Je choisirais À l'est d'Éden de Steinbeck, car il est construit autour de la recherche de ce qu'il reste comme liberté aux hommes et Le livre de la jungle de Rudyard Kipling car on y trouve des leçons de philosophie, de politique, de poésie, des petites paraboles auxquelles je suis très sensible. Ah oui !! Et puis L’île de Robert Merle. Je ne comprends pas qu’il ne soit pas dans la collection Pléiade !! Comme je ne comprends pas qu’Olympe de Gouges ne soit pas au Panthéon !!»

Bon… Du coup… Vous l’aurez deviné, #Oyez 3 et #Oyez 4 d’une citoyenne en détresse aux éditions Gallimard et à Emmanuel Macron. Rien que ça ! Olé ! Olé !

Vincent Van Gogh, Les Roulottes, campement de Bohémiens, 1888, Musée d’OrsayVincent Van Gogh, Les Roulottes, campement de Bohémiens, 1888, Musée d’Orsay

Les mots, elle les aime tellement, qu’elle connaît par cœur plus de 20 poèmes. « Ce sont tous des chocs esthétiques, des moments où j'ai été marquée par la beauté. La plupart des poèmes, je les ai appris à l'école, Les professeurs font un travail incroyable. Dites-le dans votre article ! : « Nuit rhénane » d’Apollinaire, « Le Dormeur du Val » de Rimbaud, « A une passante » de Baudelaire. Il y a aussi un poème avec un bohémien -il faut vraiment que je m'intéresse à ce tropisme - Ah oui ! j’ai trouvé ! » Et de se mettre à réciter, « Sensation » de Rimbaud, en faisant fi des hurlements d’un camion de pompiers ! Olé ! Olé ! 

D’ailleurs, si elle pouvait graver une citation sur le fronton des mairies, elle choisirait un vers d’Aragon extrait de « Je vous salue ma France » : « Sol semé de héros, ciel plein de passereaux. » Et si Aragon était retoqué, elle choisirait la phrase figurant en première page des Mémoires de De Gaulle : « Viser haut et se tenir droit. »

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :

Mais l’amour infini me montera dans l’âme,

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Arthur Rimbaud

L’heure tourne, le bébé ne pleure plus, la pluie tombe toujours mais la douceur, la spontanéité, l’esprit et la vivacité de mon invitée éclairent cette fin de journée. Alors, avant de la retrouver « Encore un matin » pour une nouvelle chronique-parabole, j’aimerais bien savoir où elle aimerait cultiver son jardin, loin des fractures de la société (à part Séville, évidemment, pas bête la guêpe !) :

« J’aimerais me retrouver dans un cloître à siroter un bon verre de vin en écoutant du Bach, en compagnie de Victor Hugo.  Je ne parlerai pas beaucoup en tout cas ! Je l’imagine comme un surhomme, une espèce d'animal préhistorique mesurant plus de trois mètres ! Dans ce cloître, on pourrait y admirer aussi des sculptures, L'Enlèvement de Proserpine de l'artiste italien Le Bernin ou La Vierge voilée de Giovanni Strazza. Dans un cas, la violence prend vie, dans l’autre on est dans la magie de la pierre qui parle. Et puis j’y exposerai des tableaux de Joaquín Sorolla, des Goya, des Van Gogh, des nénuphars de Monet…de la vie !»

 

Cloître de Santa Maria Novella à FlorenceCloître de Santa Maria Novella à Florence

Bernini, L’enlèvement de Proserpine, 1621, Galleria Borghèse, RomeBernini, L’enlèvement de Proserpine, 1621, Galleria Borghèse, Rome

Vivante et pétillante Anne ! Tourbillonnante gitane, sage coryphée et porte-parole des classes les plus populaires !

Puissiez-vous, un jour, vous retrouver « Là-bas » !

Pour le moment, je coupe le magnéto.

« Tout était dit… »

 LE MOT ET L’IMAGE

“En fait, c'est marrant parce que du coup, j'ai travaillé ! Je me suis aperçue quand même que globalement l’image ce n’est pas mon fort. Je me suis dit autant, je peux sans problème trouver les quelques livres que je mets dans mon panthéon personnel, autant la peinture et la sculpture, c'est quelque chose que je trouve magnifique bien entendu, mais qui est moins personnel. Ce serait donc plutôt le son et les mots ! Je choisis Les Variations Goldberg de Bach, enregistrées par Glenn Gould en 1982 et je les mettrais en résonance avec le dernier quatrain du poème des Fleurs du Mal, « Les Phares », de Baudelaire. En fin d'année Spotify fait toujours des bilans de l'année, et moi j'ai toujours Bach qui arrive en premier. Les Variations Goldberg je pense que je pourrais écouter ça en permanence comme si c'était un liquide amniotique.

https://www.youtube.com/watch?v=aEkXet4WX_c

“Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage

Que nous puissions donner de notre dignité

Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge

Et vient mourir au bord de votre éternité !”

 C’est sa définition de l'art, qui le rapproche de Dieu. Cette définition fait d’ailleurs écho à la phrase de Cioran : " S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. " Il y a en effet quelque chose dans l'art de mystique dans le sens où c'est une expression du seul animal qui sait qu'il va mourir comme disait Malraux, et donc qui essaie, par l’art, de transcender cette finitude.

Glenn Gould ©Fred Plaut/Sony Music EntertainmentGlenn Gould ©Fred Plaut/Sony Music Entertainment